Mai Trung Thứ
Né le 10 novembre 1906 près de Haïphong, Mai Trung Thứ réalise sa scolarité au lycée français de Hanoï. Il fait partie de la première promotion de l’École des beaux-arts de l’Indochine dirigée par Victor Tardieu, et participe donc à de multiples accrochages organisés pour la promotion du travail des élèves.
Dès 1929, un article paru dans L’Avenir du Tonkin, à l’occasion de l’exposition des travaux des élèves en novembre à Hanoï, remarque Mai Thứ et « […] son portrait cigarette aux lèvres. Ceci peut être considéré comme un chef-d’œuvre. Dessiné avec la force des Florentins de la Renaissance et un sentiment exact des volumes. L’esprit de cette fumée, forçant l’œil à cligner, est d’un jeune maître. Il fera honneur à l’École des beaux-arts d’Hanoi et à l’École Annamite ».
Jeune diplômé, il bénéficie de la proposition faite à Tardieu – la direction artistique du pavillon de l’Indochine à l’Exposition coloniale de 1931 – pour présenter certaines de ses œuvres personnelles à l’exposition magistrale, qui est installée au sein du temple d’Angkor reconstitué à Vincennes. Au cours des années suivantes, de retour en Indochine, il présente ses œuvres à diverses expositions à Paris, Rome, Hué, et à Hanoï. Nommé en 1930 professeur de dessin stagiaire au collège Quốc Học, à Hué. Il entretient une relation épistolaire régulière avec son maître, comme illustré par exemple dans cet extrait de courrier : « En dehors des heures de classe au collège (18 heures par semaine) je ne cesse de travailler, de produire des toiles, le nombre atteint déjà à peu près une dizaine. Espérant que vous voudrez bien me donner quelques conseils sur mon travail, je vous envoie ci-joint trois photos […]. »
Mai Trung Thứ quitte le Tonkin pour la France en juillet 1937 et assiste à l’Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne qui se déroule à Paris. En juin, cette année-là, Victor Tardieu décède brusquement. Mai Trung Thứ, Lê Phổ et Vũ Cao Đàm décident alors de s’installer à Paris. Mai Trung Thứ – celui de ce trio dont le style restera le plus proche des travaux des années 1940, et le plus constant sur les quarante années suivantes – choisit de se consacrer à la peinture sur soie, selon un procédé expérimenté au sein de l’École des beaux-arts de l’Indochine. Celui-ci lui permet de se démarquer en France et de développer un art riche en réminiscence des arts chinois et vietnamien traditionnels.
Avec Lê Phổ et Vũ Cao Đàm, il bénéficie, au début des années 1940, du soutien du galeriste André Romanet, ce qui les amène tous trois à exposer à Paris et en Algérie à deux reprises, en 1942 et 1944. Il participe régulièrement au Salon des indépendants.
Après une brève étape à Mâcon, où il réside pendant la guerre entre 1941 et 1943, il s’installe à Vanves, dans la banlieue parisienne, où il demeure de très longues années.
La signature en 1957 d’un accord avec le galeriste Jean-François Apesteguy lui apporte enfin un certain confort et lui offre l’occasion d’expositions régulières entre Paris et Deauville jusqu’à la fin de sa vie. Artiste indépendant, il n’en reste pas moins engagé et soucieux du devenir de son pays. Connu pour son goût pour la musique, il compte dans ses sujets de prédilection ceux présentant des moments éphémères et idéalisés, compositions dans lesquelles trouvent place des attributs musicaux, où de belles jeunes femmes vietnamiennes se délassent dans des paysages idylliques. Attaché également à l’illustration d’un univers familial paisible, il aime transmettre, par sa peinture, son goût pour la beauté des relations familiales, la transmission du savoir entre générations, la sagesse d’une mère ou de grands-parents guidant de jeunes enfants… Il peint également la guerre, par des scènes où transparaît l’angoisse de l’exode et de la perte des êtres chers.
Très tôt, Mai Trung Thứ veille à rendre une œuvre achevée dans son intégralité. Dans ce but, il réalise personnellement un cadre pour chacune de ses peintures.
Si Mai Trung Thứ, de son vivant, présente son travail de manière régulière en France au sein de galeries (la dernière se déroulera à la galerie Vendôme à Paris en 1980), il n’y aura plus d’exposition personnelle pendant les 40 années qui suivent son décès. Son succès auprès des collectionneurs à partir de 2015 lui permet d’avoir une reconnaissance méritée de la part des institutions et du monde de l’art. En 2019, Madame Moyne-Charlet, conservateur en chef et directrice du musée des Ursulines, a l’idée d’organiser une exposition sur de la période mâconnaise de Mai Trung Thứ. En 2021, grâce au soutien et à l’implication de Madame Mai Lan Phuong, unique fille de l’artiste, sa première rétrospective est ouverte à Mâcon.
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Cette liste n’a pas vocation à être exhaustive ni à les confondre dans un même courant ou une même école. Ils ont pour points communs le goût de l’art et le bénéfice d’une curiosité artistique vers une deuxième culture, orientale ou occidentale.
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